- Le 24 mars 2015
Le 12 février, l'Assemblée nationale a validé le principe de l'ouverture du capital d'Aéroports de Lyon.
Dans le Progrès du 26 février, Emmanuel Imberton - président de la CCI de Lyon - utilise le sujet pour critiquer la position du ministre de l'économie et contester la compétence de la DGAC quant à la gestion de l'ouverture des lignes aérienne :
« la privatisation [...] ne peut pas être abordée indépendamment de la question de l'ouverture des droits de trafic à Lyon. Et nous ne pouvons pas nous satisfaire de la réponse apportée par Emmanuel Macron lors du débat parlementaire rappelant que l'ouverture des lignes aériennes reste du ressort de la DGAC.»
Plus loin, il affirme ...
que le Gouvernement refuse l'ouverture de lignes au départ de Lyon-Saint Exupéry, pour préserver l'énorme suprématie d'Air France et des aéroports parisiens.
Une pétition soutenue par les CCI Lyon et Rhône-Alpes, le MEDEF et la CGPME est lancée depuis décembre 2014 pour "libérer des droits de trafic sur l'aéroport Lyon-Saint Exupéry". Elle a déjà reçu plus de 3.000 soutiens, principalement des chefs d'entreprises. Elle aussi fait pression sur le gouvernement, lui demandant "instamment le déblocage des droits de trafic pour la ligne Lyon-Dubaï".
Pour mobiliser les entrepreneurs locaux, les communiqués qui leur sont adressés n'hésitent pas à attiser les rancœurs envers Paris et leur crainte d'être les oubliés de l'économie mondialisée.
Concernant la privatisation annoncée, on peut comprendre que les craintes des riverains soient d'une autre nature ...
... autre communiqué du président de la CCI de Lyon pourrait leur donner raison. Il y annonce :
Nous ne nous interdirons rien et n'hésiterons pas à soutenir un projet industriel ambitieux [...]
Le message est clair : avec la privatisation d'Aéroports De Lyon (ADL), tous les coups sont permis ! Les actionnaires aux projets les plus ambitieux sont les bienvenus. Et bizarrement, la qualité de vie aux abords des aéroports lyonnais n'est jamais évoquée.
Le 18 mars, dans un article du Progrès, deux associations de l'aéroport Saint-Exupéry interpellent les pouvoirs publics sur les conséquences de la vente d'ADL sur la vie des riverains.
Créée en 1970, l'association CORIAS (Comité des Riverains de l'Aéroport Saint Exupéry) annonce qu'elle est consciente des difficultés encore plus importantes qu'elle va avoir à se faire entendre. Par la voix de sa présidente Isabelle Nuelles, elle souhaite:
que certains dossiers soient ficelés avant la vente, à savoir l'interdiction de vols de nuit des avions les plus bruyants et que les avions laissent une nuit de repos par semaine aux habitants.
Andrée Bazoges, présidente de Pusignan CRIE s'interroge quant à elle sur l'aéroport :
Est-ce une entreprise qui doit enrichir ses actionnaires ou un outil au service du développement économique et du citoyen?
Enfin, l'ACENAS (Association Contre l'Extension des Nuisances de l'Aéroport Saint Exupéry) est fermement opposée à la privatisation et rebondit sur la question des vols de nuit :
Alors que la plupart des aéroport sont fermés la nuit, la plateforme lyonnaise continue d'être un voisin très bruyant pour des milliers de familles, avec des impacts sanitaires avérés.
L'aéroport de Bron étant géré par Aéroports de Lyon, il est légitime que ses riverains s'inquiètent eux aussi de cette privatisation.
D'ailleurs un article de lyon-entreprises.com rappelle bien que le capital d'ADL comprend également l'aéroport de Bron :
Il faut ajouter dans la corbeille les importantes réserves foncières qui permettront à l'avenir à l'aéroport de se développer et que l'on ne trouve pas à Toulouse ; ainsi que sa filiale, l'aéroport d'affaires de Lyon-Bron, l'un des plus importants de France, également dans la corbeille.
Dans le Progrès, le CORIAS résume ainsi les craintes des riverains :
La privatisation de l'aéroport risque d'aggraver une situation déjà très difficile. Attirés par une ouverture 24 heures sur 24 [...], les investisseurs privés chercheront à rentabiliser leur achat par l'augmentation du trafic, en particulier la nuit, pour les vols intercontinentaux [...]. Le patrimoine public financé par l'argent du contribuable passera à une entreprise privée qui orientera la politique régionale [...] la notion de profit commercial sera prioritaire, au détriment de l'environnement et des riverains.
Le CORIAS éoque la possibilité "que les repreneurs soient chinois ou européens".
La pétition pour débloquer les lignes avec Dubaï ainsi que de nombreux échos dans la presse nous invitent à penser que Lyon étudie également les possibilités de rapprochement avec des actionnaires du moyen-orient.
On peut notamment lire ceci dans un article du 13 février paru sur lyoncapitale.fr :
Selon Laurent Fiard (président du MEDEF Lyon-Rhône NDLR) et François Turcas (président de la CGPME Rhône-Alpes), le développement de l'aéroport passe par l'international, surtout par le Moyen-Orient et l'Extrême-Orient.
Quoi qu'il en soit, nous riverains de l'aéroport de Bron partageons l'avis du CORIAS qui conclue ainsi l'article du Progrès :
face à ces craintes politiques, l’État doit se prémunir contre toute ingérence étrangère.